lundi 10 octobre 2011

Changer le vin en eau et non l'eau en vin


Changer le vin en eau et non changer l’eau en vin

La période des vendanges se termine et certaines voix se font entendre pour signaler le fait que la viticulture – la culture de la vigne - et la viniculture – la production du vin -, comme d’autres industries agricoles, sont parfois responsables de cas sévères de pollution des eaux de surface.
Outre les traitements phytosanitaires appliqués sur les vignes, la fabrication du vin est elle aussi un processus à risque pour l’environnement. Cette année, en France, huit zones de pollution des eaux de surface ont été identifiées dans les grandes régions viticoles que sont le Beaujolais, le Mâconnais, la Côte chalonnaise et la Côte de Beaune. Chaque année en période de vendanges, les effluents vinicoles sont rejetés aux cours des opérations de pressurage, de soutirage et de clarification du vin. A ces effluents s’ajoutent les eaux de lavage du matériel (machines, bennes, cuves…). Ces eaux très fortement chargées en matières organiques se retrouvent soit directement dans les cours d’eau soit dans les stations d’épuration, qui se retrouvent parfois en surcharge, ce qui se traduit aussi par une pollution des cours d’eau.
Les conséquences sur les milieux aquatiques récepteurs sont bien connues : alimentées par des quantités importantes de matières organiques, les bactéries s’y développent massivement et consomment rapidement l’oxygène dissous dans l’eau, entrainant l’anoxie du milieu et la mort des organismes qui respirent cet oxygène. D’abord les poissons, bien sur, puis les invertébrés aquatiques et même certains vers vont mourir et le milieu va s’appauvrir durablement.
Plusieurs organismes français (fédération de pêche, organismes de protection de l’eau, …) s’inquiètent de cette situation et s’indignent du peu de cas qui est fait de cette problématique en France, pourtant récurrente chaque année. Leur but n’est pas d’accabler les producteurs mais de mettre en œuvre des actions de prévention de ces pollutions pourtant aisées à anticiper.
Les outils juridiques sont pourtant nombreux : la loi sur l’eau, le code rural, le code de santé publique et le règlement sanitaire départemental s’appliquent aux exploitations vini-viticoles comme à d’autres exploitation agricoles. En France, depuis 1997, le code de santé publique impose le traitement des effluents non domestiques aux chais (les caves où sont préparés les crus, qu’ils soient grand ou petits) de petite taille (de moins de 500 hectolitres par an) qui ne sont pas soumis à la réglementation des ICPE (Installations classées pour la protection de l’environnement). En théorie, donc, ces pollutions des cours d’eau en période de vendanges devraient appartenir au passé.
Oui mais.. ! Bien des installations de traitement sont vétustes, ou mal dimensionnées, ou simplement mal utilisées. En Saône-et-Loire, l’Agence de l’eau, appuyée par le Conseil général et le Conseil régional ont donc accordé des subventions aux exploitations afin d’aider au traitement des effluents et à la remise aux normes des installations ainsi qu’au lavage des engins agricoles.
Au delà de ces aides ponctuelles, se pose la question de la réduction générale de la charge polluante des effluents vinicoles. Réduire la consommation en eau des producteurs est une première solution. De ce coté, beaucoup reste à faire, puisqu’on estime que le volume d’eau nécessaire pour la production d’un hectolitre de vin peut varier selon les caves de 30 à 250 litres. L’essentiel de ces économiques d’eau sont du domaine du bon sens et de la saine gestion : installer des compteurs d’eau sur ses installations, prévoir des pistolets à arrêt automatique pour le lavage des machines, récupérer les eaux de rinçage, favoriser le pré-nettoyage à sec, …
Pour diminuer la charge organique des effluents, l’Institut français de la vigne et du vin propose aussi de récupérer les sous-produits de l’exploitation, les bourbes et lies du vin, afin de les valoriser en distillerie ou dans des filières énergies. Les résidus toxiques de lavage, chargés en soude, devraient être recyclés par des entreprises spécialisées. La biométhanisation des effluents, outre le fait de réduire fortement les volumes de boues, permet aussi de récupérer du méthane qui pourra être utilisé sur l’exploitation pour le chauffage ou la production d’électricité.
L’appui aux vitiviniculteurs sous la forme de conseils de la party de spécialistes en traitement des eaux usées doit aussi permettre aux exploitants de mieux choisir leurs systèmes de traitement et de les utiliser avec un rendement maximal.
Il est donc possible de rendre l’industrie du vin propre et respectueuse de l’environnement. Il restera toujours à traiter la pollution sonore générée par l’effet euphorisant du vin, mais ça c’est une autre histoire !

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