lundi 31 octobre 2011

Le jeu de la ficelle

Le jeu de la ficelle :
“Aujourd’hui, notre tâche la plus urgente est peut-être d’apprendre à penser autrement”
Gregory Bateson, 1969
Le jeu de la ficelle qu’est ce donc ?
Créé initialement par Daniel Cauchy, systémicien et formateur, le jeu de la ficelle permet, à partir d’une mise en situation ludique, de mettre à jour et développer une vision systémique en lien avec notre mode de consommation. IL s’adresse à différents type de public : adultes, étudiants, élèves du cycle secondaire supérieur et enfants à partir de 10 ans.

La démarche est simple : les participants se voient attribués un rôle et sont répartis en 3 cercles : « objet de consommation », « acteurs »et « impacts ». Les interactions entre les participants sont alors matérialisées par le fait qu’ils vont être reliés par une ficelle.

L’objectif final est de se rendre compte grâce à la toile ainsi tissée de comment sont liées les problématiques et les crises actuelles : économique, politique, environnementale…
Le jeu de la ficelle n’est qu’un outil au service d’une démarche afin de ne pas rester sur un sentiment d’impuissance ou de culpabilisation (même si c’est la consommation et non le consommateur qui est au centre du premier cercle). L’objectif final est ensuite d’imaginer et de créer d’autres alternatives afin de passer de consomma’cteur à citoyen engagé.
Les asbl bruxelloises Quinoa et Rencontre des Continents utilisent principalement l’outil à partir de l’assiette moyenne belge (bœuf, tomate…) en vue de montrer quels sont les enjeux politiques, économiques, sociaux, environnementaux en lien avec notre mode de consommation alimentaire. De nombreuses variantes ont été ou sont en cours d’élaboration en d’autres langues ou sur d’autres thèmes : produits financiers, vêtement… L’objectif final restant le même : développer une vision systémique.
Le jeu de la ficelle est au final une excellente introduction en vue de réfléchir au monde qui nous entoure et de penser aux alternatives individuelles, collectives et politiques possibles.
A découvrir sans modération ! : Jeu de la ficelle

vendredi 28 octobre 2011

Un environnement propre comme un sous neuf ?

Ils s’étalent presque à perte de vue dans les rayons du super marché, hauts en forme et variés en couleur. Ils sentent « bon » la lavande, le pin, le citron,… Ils rendent le linge plus blanc que blanc et laissent peu de répit aux bactéries. Les produits d'entretien finissent aussi par peser lourd dans le panier de la ménagère : des bidons de 3 litres aux paquets de poudre de 2,5kg pour un budget d’environ 250 euros/an/ménage.

Mais l’environnement paye lui aussi son tribut face au nettoyage de nos maisons. Car multipliés par le nombre de foyers et d’usines peuplant notre territoire, ce sont plusieurs millions de tonnes de détergents et autres agents de surface qui sont utilisés chaque année. L’hygiène domestique et corporelle des ménages (nous !) en utilise 64%, les industries techniques et agricoles 27% et la détergence industrielle 9%.

Après usage, une partie de ces substances se retrouve dans les stations d’épuration qui sont censées assimiler et dégrader ces quantités énormes de détergents chimiques. Une autre partie ne bénéficie même pas du moindre traitement quelconque, en étant déversée directement dans l’environnement.

Et ce sont ensuite les écosystèmes aquatiques qui en subissent les conséquences. Qui n’a pas connu l’image de ces plans d’eau, bords de mer ou rivières où flotte une mousse légère et grisâtre, issue d’une accumulation de substances non ou peu biodégradables ? Et cette pollution visuelle représente peu de dangers face à la contamination toxique invisible que les petits cours d’eau finissent par amener à l’océan. Ces substances transitent ainsi du phytoplancton de rivière jusqu’au cabillaud et après un passage sur le rayon du poissonnier, la boucle du détergent se voit bouclée par nos lave-vaisselles et par nos estomacs! Il n’y a donc pas que la santé environnementale qui trinque !

Cerise sur le gâteau, la fabrication même de ces détergents, issus pour la majorité de la transformation d’hydrocarbures fossiles, a nécessité une quantité d’eau et d’énergie importante. Et même si les industriels sont parvenus à concentrer les principes actifs de leurs produits et donc à en diminuer les doses nécessaires, la composition chimique reste problématique : tensioactifs, solvants, agents de blanchiment, ammoniaque, sels, colorants, parfums,..

Heureusement, la législation européenne limite tant qu’elle peut cette contamination massive : elle a ainsi interdit l’utilisation des détergents dont les tensioactifs ne sont pas biodégradables au moins à 90% et certains pays comme la Belgique a interdit les phosphates dans les produits lessiviels en juillet 2002.

Le règlement 648/2004, relatif aux détergents impose désormais des tests de biodégradabilité (jusqu’à un certain seuil) ainsi que des essais d’écotoxicité.

De plus en plus de fabricants se tournent alors vers l’utilisation de tensioactifs d’origine végétale (ressources renouvelables) et/ou de très haute qualité écologique et des labels écologiques ont depuis été mis en place. Ainsi, on retrouve presque tous les produits de nettoyage sous des formes éco-friendly dans les magasins bio et de plus en plus dans les supermarchés.

Mais il existe une autre alternative pour nettoyer sans polluer, celle de fabriquer ses propres produits. Faciles et très économiques, ces recettes nous viennent souvent tout droit de nos grands-mères ! La vaisselle, le linge, les sols, le bois, les WC, les canalisations,.. : tout peut être entretenu « maison », sans impacts sur la santé et l’environnement !


Exemple du produit vaisselle :

Dans un flacon de 500 ml, ajouter dans l’ordre 1 cuillère à café bicarbonate de soude, 1 cuillère à soupe vinaigre blanc. La réaction avec le bicarbonate provoque un dégagement gazeux de CO2. Agiter en faisant tourner le flacon. Vous pouvez aussi remplacer le vinaigre par du jus de citron. Ajouter alors 1/5 (100 ml) de liquide vaisselle écologique. Remplir d’eau. Ajouter ½ jus de citron ou 15 à 20 gouttes d’huile essentielle de citron (facultatif). Agiter doucement.

Cette recette provient du guide de Raffa.


Vous y trouverez plein d’explications et de recettes de produits en tout genre pour nettoyer conscientisés !!


L’appel des pommes à la résistance

La pomme verte et rouge façon « fluo kid » et bien ronde façon « boule à facette » n’a plus de beaux jours devant elle. En effet, plusieurs médias (Arte et Sc

ience et Vie notamment) montr

ent du doigt l’utilisation massive des traitements sur des pommiers déjà fatigués. En effet, entre 1997 et 2007, le nombre de traitements est passé de 28,1 en moyenne à 35,4 par an (pouvant aller jusqu’à plus de 60 pour des pommiers fragiles). Soit une augmentation de 20% en dix ans !

Alors que cette même pomme n’a augmenté que de 2% pour le consommateur entre 2001 et 2006 (Source : SNM / 2001-2006)… cherchez l’erreur!

Des pommes toujours plus rondes, toujours plus vertes, oui mais pourquoi ? Rentrer dans un standard du consommateur ? Quel consommateur ? Quelle consommation ? Et surtout quels impacts pour l’agriculteur, les locaux et le mangeur de pomme ?

Ce court article essaye de donner un état des lieux de la culture de la pomme en analysant les interdépendances de ce mod

e d’agriculture intensif avec les servi

ces re

ndus et utilisés par les milieux naturels…

Mais que sont ces services dis écosystémiques? Ce sont les services rendus par les milieux naturels (les forets, les marais, les lacs, les prairies etc.) aux mécanismes de création de valeur du monde dans lequel nous vivons (fabrication, transport, consommation, gestion des produits qui régissent notre économie).

Ce sont ces mêmes services qui permettent la récolte des pommes (les abeilles pollinisent les fleurs de pommier, la pluie irrigue les pommiers, les haies alentours permettent d'offrir des habitats aux ravageurs des pommiers etc.) mais qui ont été subitement oubliés à

l’arriv

ée des pulvérisations magiques.

Est utilisée ici la méthodologie ESR ( Ecosystem Service Review) développée par le WRI

(World Ressource Institute).



En attribuant la valeur de 1 pour un impact ou dépendance forte, la valeur de 0,5 pour un impact ou dépendance moyenne et la valeur 0 pour un impact ou dépendance nulle, une belle pomme se dessine alors.

Une première observation frappe immédiatement : une très grande partie des services sont impactés. Plus de 40% des services principaux présentent une dépendance moyenne à forte avec la culture de pommes intensives. Et surtout 70% des 27 services principaux identifiés par le WRI, sont fortement impactés par la culture des pommes… Ces mêmes services qui seraient si utiles à ces mêmes producteurs mais à un panel d'utilisateurs locaux (autres agriculteurs, habitants etc.)

Tous ces services sont utilisés par des parties prenantes locales et même nationales. Dans un premier temps, les agriculteurs locaux ne peuvent plus profiter des services rendus par les écosystèmes pour exercer leur métier dans des conditions les moins chimiques possibles (en remplaçant le moins possible les services écosystémiques par des substituants artificiels).

Les riverains ne profitent également plus des services rendus par une vie à la campagne (air pur, loisirs, jardinage etc.)…

La liste est longue et cette première analyse montre l’importance d’effectuer une analyse poussée pour connaitre le véritable impact sur chaque service, quelles conséquences pour le futur des agriculteurs et de toutes les parties prenantes autour de la culture de la pomme ?

Quels couts pour la société, le consommateur et ces mêmes agriculteurs ?

Externalités (environnementales et sociétales) il y a, coûts externes internalisés il y aura …