jeudi 19 avril 2012

Energie Eolienne = 0,25% de l'énergie Wallonne !

Ca y est, je me suis emporté !

suite à une question parlementaire posée par CLaude eerdekens, basée sur des chiffres un peu faux que l'on avait rapidement mis dans ma bouche, j'ai été contraint à revoir mes calculs sur la part de l'éolien dans l'énergie en Belgique.

Désolé pour les non matheux, mais c'est un peu technique... Les conclusions en fin de document.

Voici donc copie de la lettre envoyée à M. Eerdekens, ainsi qu'aux ministres concernés.
Cher Monsieur Eerdekens,

Ce message fait suite à la question parlementaire 478 à propos du poids des énergies éoliennes dont la retranscription des débats m'est parvenue par ailleurs.

sachant que les chiffres annoncés ne sont pas ceux que j'utilise réellement, j'ai souhaité vous proposé une version actualisée de mes calculs.

Ci joint ma réponse officielle pour vous confirmer que je maintiens mes chiffres originaux (ie pas ceux déformés par le lobby anti éolien). Ma vocation est de faire parler les chiffres en toute neutralité, c'est pourquoi ce message est également copié à MM. Nollet et Henry à titre d'information et de transparence.

Remarque Liminaire : tous les calculs sont effectués à partir de données publiques uniquement. si l'on me conteste le fait que l'on dispose de donnée splus récentes, merci de les rendre publiques

Démonstration que mes ordres de grandeurs sont corrects en 2 temps : 1. région wallonne et 2. Royaume de Belgique

1. Région W

La région Wallonne n'a plus publié de bilan énergétique officiel depuis 2009 http://energie.wallonie.be/fr/2009.html?IDC=7491 (oui vous avez bien lu ca fait 3 ans !!!)

Dans ce document on voit p29 que les ENR ne représentent que 5,2% de la consommation d'énergie brute en Région
L'énergie éolienne représente 493 GWh PCi (p31) sur une conso intérieure brute de 193 000 GWh PCI, soit 0,25% de la consommation totale (je ne fais que lire les tableaux de chiffres officiels)

pour vous faciliter le calcul, l'énergie éolienne représente donc 4,9 % des EnR.

je maintiens donc mes chiffres et attend avec impatience la sortie des nouveaux bilans énergétiques wallons ainsi que la mise en oeuvre d'une véritable politique d'économies d'énergie globalisées pour éviter le scandale social qui va bientôt arriver : pour rappel, lorsque le baril de pétrole prend une hausse de 25 $, cela revient à payer une taxe CO2 sur nos énergies fossiles liquides d'environ 39 eur / tCO2...! et on chicane à imposer des taxes C et des indexations automatiques....
Le CREDOC vient de sortir un rapport pour le MEDEF en France qui fait état que le coût des transports et du logement (accès à la propriété) pose des problèmes de mobilité des travailleurs pour plus de 40% des employés...

2. Niveau Belge

Selon eurostat, nous disposons de chiffres pour la Belgique entière (Merci l'UE qui nous permet d'avoir une vision globalisée sur notre Royaume, sans eux c'est le chaos entre les 3 régulateurs régionaux, etc...)

Conso d'énergie primaire 2010 : 61503 ktep

Part des enr dans la consommation finale brute d'énergie : 4,6% en 2009

Production brute totale d'électricité : 95,12 TWh

Augmentation de la consommation totale d'électricité depuis 1999 : + 11 TWh, soit +13%

Statbel fournit les chiffres de la production brute d'électricité dans le royaume (suffit de chercher avec les bons mots clés) http://economie.fgov.be/fr/statistiques/chiffres/energie/marche_energie/statistiques_energetiques/electricite/

en 2009
Production électrique totale : 91225 GWH
Production Eoliene TOTALE : 996 GWh soit 1,1% de la production électrique !!!
en Bref, en 2009, l'énergie éolienne couvre 10% de l'augmentation des besoins de notre consommation d'électricité seule depuis 1999 ! Je vous laisse deviner par quoi est produite le solde ....

si on prend l'éqiuvalence électrique standard 1000 MWh = 86 tep, alors on voit que la production éolienne = 1000 GWh soit, 86 000 tep = 86 ktep /61503 ktep et je retombe sur la part de l'éolien Belge dans la consommation d'énergie totale Belge, soit 0,14% environ.

3. Conclusion et proposition

Je vous remercie de la question parlementaire qui a été pour moi l'occasion de mettre à jour certains chiffres anciens
L'ambition que nous devons tous porter actuellement est la réduction de la consommation énergétique et non la promotion des renouvelables.
Trop d'argent a été galvaudé dans ce secteur, avec une efficacité environnementale associée relativement faible. il est temps que cela change et rapidement.

Je suis disponible pour discuter avec le ministre de son interprétation des chiffres mais je refuse que l'on me rabaisse en supposant que je compare des pommes avec des poires !

Par ailleurs je propose aux ministres de l'énergie Fédéraux et régionaux d'organiser un débat contradictoire public à la chambre sur le sujet auquel je me ferai une joie de participer


Je suis bien entendu preneur de la publication des chiffres complets 2010 afin de pouvoir actualiser mon argumentaire

en espérant avoir éclairé votre lanterne.

Salutations cordiales



Cette page vise à recueillir vos commentaires et réactions. A mes yeux, il ne fait aucun doute que l'heure est venue de faire des choix douloureux, y compris de réorienter massivement les mécanismes publics et les réglements qui ponctionnent de l'argent dans les poches de chacun pour les distribuer à quelques acteurs peu nombreux ( ce qui est le cas de l'énergie renouvelable au travers de la contribution enr sur nos factures), vers les économies d'énergie, la sobriété, et la consommation responsable.

mercredi 7 mars 2012

When "Der Spiegel" says the EU's Emissions Trading System Isn't Working...

... Even the EU is getting alarmed:
Check the Spiegel article to understand why the whole system is flawed.
And understand with Bloomberg why the recent decision of the European Parliament's Industry Committee won't provide a long term answer.
High time for a real change in the ETS system!

vendredi 17 février 2012

Viand'dévore

Viand'dévore

J'adore la viande, je dévore le viande, je suis un... carnivore.
Mais pourquoi parle-t'on si souvent de la viande comme d'une des causes du réchauffement climatique?

En moyenne, le belge consomme 120 grammes de viande par jour (voire même 270 selon une récente étude de l'Observatoire Bruxellois de la Consommation Durable (OBCD)) dont
  • 46% de viande porcine
  • 23% de volaille
  • 20% de viande bovine
  • 5% de gibier, lapin et cheval
  • 2% de viande ovine et caprine
Cela représente 420€ annuel par personne d'achat de viande fraiche (plus de 800€ d'après l'OBCD), congelée ou en charcuterie. Sur la durée de vie d'un belge moyen, chacun de nous a donc ingurgité au moins:
  • 5 vaches
  • 7 moutons
  • 42 cochons
  • 891 poulets
  • 43 dindes
  • 23 lapins
Si vous voulez voir cela avec des petits dessins très didactiques, "Love Meat Ender" est un documentaire belge, primé, de Manu Coeman, réalisé pour la RTBF. Tout public (avec toutefois quelques scènes un peu plus dures), il nous montre comment notre société est passée en un demi-siècle d'une approche où la viande était un bien précieux et considéré comme tel à une telle boulimie viandeuse. Et surtout, il nous montre, non sans humour, les aboutissants de la (sur)consommation actuelle.

L'impact carbone
Le Dr. Pachauri, président du GIEC, le clamait déjà en 2009 en s'appuyant sur des données 2006 de la Food and Agriculture Organization (FAO) des Nations-Unies: l'élevage intensif du bétail représente 80% des émissions en gaz à effet de serre de l'agriculture planétaire, et donc 18% des émissions engendrées par l'ensemble des activités humaines. Enorme! Et pourtant ce n'est pas tout car de nombreux produits à base de viande sont mis sur le marché sous forme congelée (dépense d'énergie supplémentaire), nécessitent d'être cuits un certain temps à très haute température (re-énergie), quand ils ne sont pas tout simplement gaspillés.

Mais le pire est sans doute à venir car les nations émergentes souhaitent atteindre le standing des pays occidentaux, et donc rêvent de pouvoir se payer de la viande. Un bon burger fait partie des "signes extérieurs de richesse" que de nombreux peuples à l'alimentation aujourd'hui plus simple et variée souhaitent pouvoir afficher.



Les autres impacts environnementaux
A côte de cela, le boeuf, pour toujours parler de lui puisqu'il est le plus polluant des sources de viande, a également d'autres impacts: un kilo de boeuf a nécessité 15.500 litres d'eau avant d'arriver dans notre assiette. Oui, oui: quinze mille cinq cents!

En comparaison, un kilo de porc ne requiert que 4900 litres d'eau virtuelle, un kilo de poulet 3900 litres, et un kilo de riz 3000 litres. La viande entraîne donc aussi une diminution des réserves en eau (dont le prix va continuer d'augmenter), et différentes formes de pollution des nappes phréatiques.

De plus, sous la demande croissante de viande, il faut aggrandir sans cesse les zones de paturâges, en déboisant des forêts ou en empiétant sur d'autres écosystèmes. Les pertes de biodiversité ne cessent d'augmenter en Amazonie et en Afrique sub-saharienne. Et même l'élevage industriel qui garde les bovins dans un territoire très confiné n'enraie pas ce phénomène car il faut bien trouver un endroit pour cultiver le soja qui les nourrit. Outre la dégradation de la nature (la quantité de nitrates rejetée par l'élevage intensif est telle que la pollution atteint aujourd'hui la mer où des espèces d'algue prolifèrent en masse), l'impact social sur les populations locales est également assez prononcé.

Santé
D'un point de vue santé, une étude publiée en 2010 dans les Archives of Internal Medecine a observé pendant 10 ans un demi-million de personnes et noté une mortalité supérieure de 11% chez les hommes et 21% chez les femmes grands consommateurs de viande rouge. Cancer, diabète, obésité sont donc bien plus probable en cas d'excès de protéines animales.

Alors, que faire?
Pas besoin de devenir végétarien du jour au lendemain, limiter les excès est déjà un pas important. Réduire sa consommation de viande rouge, et petit à petit la remplacer par de la viande blanche a un impact immédiat pour la planète, et sans doute aussi pour les artères. Alors cet été, brochettes de poulet au barbecue? En effet, un bœuf est un producteur de viande bien moins efficace qu’un porc ou un poulet.  Ces derniers transforment efficacement les grains de leur leur nourriture en viande tout en ne produisant que peu de méthane, ou pas du tout. Cela permet de maintenir leur coût environnemental à un niveau faible.
Transformée en équivalent CO2, les consommations affichées plus haut donnent à ceci:

Et on se rend dès lors compte que chaque fois que 100gr de boeuf sont remplacés dans notre assiette par 100gr de poulet, c'est 2 kilos de CO2 qui ne sont pas émis!

Pour aller plus loin, il est possible de remplacer petit à petit de la viande par des mélanges de légumineuses et de céréales qui, consommées ensemble, apportent un équivalent protéiné à l'organisme. Objectif pour l'été 2013: barbecue de courgettes accompagnées de humus de pois chiches avec du pain complet?

Pour s'entraîner, suivez le guide: http://www.unjoursansviande.be. Une fois qu'on a (re)pris goût à des recettes simples, goutues et végétales, on se demande comment on a pû ignorer cette palette de saveurs aussi longtemps. Et gardons le steak pour les grandes occasions.

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Pour en savoir plus, quelques lectures, et vidéos, avec des approches très diverses:
  • Un article du New Scientist repris dans courrier international, avec encore plus de chiffres.
  • "Faut-il manger les animaux?" de Jonathan Safran Foer s'interroge sur la suprématie auto-proclamée de l'homme sur le règne animal et pointe une incohérence qui ne manque pas de piquant: comment concilions-nous lea démarche sentimentale, quasi à genoux, devant certains animaux de compagnie avec la manière brutale et sans pitié avec laquelle nous traitons les animaux d'élevage industriel qui servent à nous nourrir...
  • "Rundskop", le film du belge Michaël Roskam nominé aux oscars 2012 pour son intrigue dans le milieu des hormones. Vous allez voir, on va parler de la viande jusqu'à Hollywood!

mercredi 25 janvier 2012

EI : Ecologie Industrielle ou Economie Innovante

Qu’est-ce que l’écologie industrielle dans la nébuleuse des expressions entourant ce concept où l’on parle de symbiose industrielle, d’ingénierie écologique, d’écosystème industriel, d’éco-parc, de métabolisme,… ?

L’écologie industrielle appelle à rationaliser les processus industriels via quatre mots d’ordre : optimiser, synergie, réutiliser et valoriser.

L’exemple historique de Kalundborg illustre bien l’application de ces préceptes. En réunissant 6 industries, la ville de Kalundborg a montré qu’il était possible d’optimiser les flux industriels en utilisant les flux sortants (déchets) des uns pour les transformer en flux entrants pour d’autres. Le développement d’une telle synergie entre industries différentes met en lumière la façon dont les flux peuvent être valorisés.

Cette initiative prouve que la production n’est pas forcément linéaire mais peut être abordée sous forme de cycle dans une vision systémique, à ce titre on peut donc parler d’écosystème, de symbiose ou de métabolisme. Depuis lors on assiste à la création d’un nombre grandissant de parcs eco-industriels tentant de reproduire ce type de modèle (plus d’une trentaine d’initiatives en France).

Cette définition induit d’autres interprétations/stratégies comme la mutualisation (gestion collective des déchets par exemple), le partage d’équipement ou de ressources, la création de nouvelles activités (vis-à-vis de nouvelles ressources identifiées ou le traitement de sous-produits) ou encore la dématérialisation de l’économie…

Arrêtons-nous sur ce dernier point : parler de dématérialisation de l’économie à travers l’écologie industrielle signifie réduire les flux totaux de matière tout en assurant des services au moins équivalents. Cela revient à augmenter la quantité de service par unité de matière. Ainsi l’on peut parler d’économie de la fonctionnalité. On ne voit plus un produit en tant que produit mais via ce qu’il apporte comme utilité à l’usager, la fonction qu’il remplit.

L’un des exemples le plus connu de l’économie de la fonctionnalité est celui des photocopieurs. Au lieu d’acheteur un photocopieur l’usager peut simplement payer la copie. Ainsi on rémunère l’utilisation et non plus l’objet en lui-même. De même des pneus peuvent être « loués » en fonction du kilométrage effectué plutôt qu’achetés. De cette manière l’industriel aura plus intérêt à fabriquer des produits durables puisque son modèle économique repose sur l’utilisation la plus efficiente de ceux-ci.

Ces exemples représentent un changement de paradigme au regard de l’activité industrielle et de l’économie. Néanmoins ils ne constituent que des exemples et laissent donc une large place à de nouvelles illustrations des idées évoquées ici. (voir notamment l’appel à manifestations d’intérêt de l’Ademe portant sur les « Biens et services éco-conçus et écologie industrielle »).

mardi 17 janvier 2012

Une voiture ou un enfant ?


La population mondiale vient de célébrer le passage à 7 milliards d’êtres humains, 12 ans à peine après que le 6 milliardième terrien ne voie le jour.  Si le taux de fertilité continue à être aussi haut, nous devrions être 10 milliards dès 2045.  L’incertitude sur notre concentration future est grande (en ajoutant ou retirant 0,5 au taux de fécondité, on obtient des projections pour 2100 aussi allant de 6,2 à 15,8 milliards d’êtres humains), mais il y a fort à parier que l’on doive bientôt utiliser 11 chiffres pour nous compter tous. Est-ce raisonnable ?  Une question à la fois taboue et polémique !

On sait aujourd’hui que le pasteur Malthus s’est trompé, oiseau de mauvaise augure qui expliquait au début du 19ième siècle que la croissance de la population serait régulée d’elle-même par le manque de ressources agricoles et des évènements catastrophiques qui en résulteraient.  En effet le Royaume-Uni qu’il prenait pour exemple a vu sa population sextupler depuis la mort de Malthus, et les « catastrophes démographiques » prédites ont pu être évitées, notamment grâce aux améliorations agricoles, puis grâce au machinisme et à la médecine. Depuis 1950, a population mondiale a triplé, mais la production agricole mondiale a triplé elle aussi, et le PIB mondial a été multiplié par huit.


Les autorités y voient avant tout un problème économique. Une démographie galopante impose un partage des ressources naturelles, et le PIB par habitant et le niveau de vie moyen est réduit d’autant.
Certains pays en développement l’ont compris, et après avoir proposé des grille-pain, des postes de radio ou des mixeurs à légumes, les autorités du Rajasthan (état du nord-ouest de l’Inde) en sont à offrir des voitures (les fameuses Tata Nano) à tout jeune homme volontaire pour une vasectomie!
Depuis les années 70, la Chine va plus loin en interdisant les mariages avant 22 ans, et en développant l’avortement et parfois la stérilisation dans les villes et les campagnes, au nom de la fameuse « politique de l’enfant unique ». Avec succès, le ministère des politiques familiales ayant récemment estimé que la population chinoise serait de 2,1 milliards aujourd’hui sans ces méthodes.
Les autorités religieuses, à commencer par les catholiques, sont très hostiles aux politiques démographiques, c’est une raison de la moindre prise en compte du problème par les pays d’Afrique ou d’Amérique du Sud.
An Afrique par exemple, ou les déserts d’étalent, la population va encore tripler d’ici 2100, et sera alors trois fois plus importante que la population européenne. On voit mal comment la Tanzanie par exemple pourrait supporter 140 millions d’habitants d’ici 2100 ans, comme les projections l’indiquent.

Ce n’est pas le manque de nourriture qui menace nos enfants, et pour cause, la question de la limite de production n’est plus nationale comme sous Malthus, mais s’est étendue à la planète entière avec la mondialisation.
Les experts estiment qu’on pourrait produire encore deux fois plus sur la planète. Et la Terre compte aujourd’hui plus de personnes en surpoids (1,6 milliards) que de  sous-alimentés (un milliard).
Mais le problème est plus fondamental : Aujourd’hui c’est plutôt l’appauvrissement des sols et la réduction des nappes phréatiques qui menacent notre sécurité alimentaire. Et c’est surtout les changements structurels difficilement réversibles : réchauffement de la planète, déforestation, désertification..., qui pourraient créer les conditions d’une «catastrophe démographique » malthusienne : Guerre de l’eau ? Virus ? Accident nucléaire ? Migrations climatiques ???
           
Désormais les scientifiques admettent que la régulation démographique devra intervenir, mais notent aussi qu’il est possible qu’elle s’effectue par la méthode douce, comme en Europe, où la transition démographique s’est totalement achevée il y a 30 ans et où les populations cessent de croitre. C’est si les autres pays ne réduisent pas leur cadence démographique, ce seront probablement eux qui en souffriront les premiers. 
Mais c’est surtout les riches carnivores et énergivores qui s’accaparent les ressources planétaires qui sont mis en cause. L’Afrique aujourd’hui n’est responsable que 2% des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Les pays développés doivent sérieusement réduire leur impact écologique, et les pays en développement ne doivent pas chercher à imiter leurs consommations! La réponse des hommes à la terre doit être globale. Et la pire des solutions est de commencer à offrir des voitures aux personnes stériles !

A moins que… à moins que nous ne découvrions d’autres planètes pleines de ressources. Ou à moins que les extraterrestres nous anéantissent !

jeudi 1 décembre 2011

Y’a-t-il un marché de la biodiversité ?

Avait lieu en début de semaine, une conférence sur la biodiversité à Londres (organisée par le Global Business Of Biodiversity Symposium pour la deuxième fois). La Grande-Bretagne étant le premier pays à avoir procéder à une évaluation nationale des apports des écosystèmes et surtout à les monétariser, il était intéressant de se rendre sur place et connaître le point des entreprises britanniques sur la biodiversité.
Une multitude d’intervenants de hauts niveaux étaient présents: responsables environnementaux de groupes internationaux, acteurs ayant une reconnaissance mondiale travaillant autour du thème de la biodiversité et des écosystèmes, délégations étrangères et enfin représentants des institutions internationales tels que l’UNFF, le CBD et l’UE.
Les interventions se sont enchaînées à un rythme effréné et si l’on a pu déplorer le manque de temps, le contenu de cette journée s’est avéré riche en enseignements.
Bien sûr, la question principale des entreprises demeure la suivante : y’a-t-il un marché de la biodiversité ? Existe-t-il des opportunités réelles concernant la biodiversité en tant que valeur d’échange ? Cette approche marché, fortement anglo-saxonne, déroule son raisonnement implacable : s’il n’y a pas de marché, il n’y pas de valeur attribuée à la biodiversité, s’il n’y pas de valeur marchande quel intérêt pour les entreprises de la prendre en compte ?
A partir de là, il devient évident que la biodiversité doit être monétarisée si l’on veut que les entreprises l’intègrent en leur sein. Le débat autour de la monétarisation de la biodiversité et des écosystèmes n’est donc pas la question prégnante.
En revanche à la question pourquoi prendre en compte la biodiversité, deux réponses tenant compte de la rationalité « business » ont été énoncées très clairement :
1°) management du risque
2°) stratégie commerciale (différenciation)
Sur ce premier point, les standards de performance IFC (International Finance Corporation) tendent à faire l’unanimité sur les marchés internationaux (s’agissant de critères utilisés par la banque mondiale pour financer les projets qu’elle désigne, ils sont utilisés aujourd’hui par plus de 75 institutions). On observe d’ailleurs une croissance du nombre de rapports écrits concernant la prise en compte de la biodiversité comme risque sur les marchés financiers en termes de gestion de ce risque, de transparence et d’information des actionnaires.
Sur le deuxième point, bien que l’on constate que la plupart des entreprises présentes ont mis au point des partenariats avec une ou plusieurs ONG, on ne peut pas perdre de vue le clivage entre collaboration et compétition. En effet s’il l’on reconnaît le besoin de standards uniformisés voire uniformisés au niveau sectoriel, il apparaît tout aussi problématique que ces standards soient établis par les entreprises elles-mêmes si l’on considère la biodiversité comme stratégie commerciale de différenciation. Le support du législateur est donc requis ici.
Les standards de performance de la banque mondiale (IFC) pourraient ainsi apportés une réponse en fournissant un cadre de référence. On observe d’ailleurs que les critères internationaux convergent avec le BBOP (Business and Biodiversity Offsets Programme) qui permettent donc aux entreprises de créer des politiques de gestion de la biodiversité uniformisées (et donc un même cadre d’évaluation).
Pourtant, si le besoin d’un système d’évaluation uniforme fait l’unanimité on constate que les entreprises présentes à cette conférence sont bien avancées sur la question de la prise en compte de la biodiversité et sont souvent en avance des politiques. Malgré cela certaines entreprises se posent encore la question du pourquoi (voir au début de l’article), on remarque donc deux vitesses entre les entreprises par rapport à cette question environnementale.
Les entreprises oscillent donc entre d’une part une mise en conformité avec la loi (et attendent donc que les politiques mettent en place une législation) et d’autre part l’innovation qui permet de créer des cadres d’intégration du risque/opportunité de la biodiversité.
Dans tous les cas la mise en place d’une politique de biodiversité au sein des entreprises doit s’inscrire à toutes les échelles de management (type Balanced Score Card). En effet la gestion du risque lié à la biodiversité se trouve souvent à la base des opérations et les institutions financières sont obligées de creuser loin pour comprendre les leviers d’atténuation du risque ; d’où l’importance de travailler en termes de chaîne de valeur. Approche que Factor-X ne cesse de promouvoir auprès des décisionnaires en entreprises.
De manière générale, la thématique de la biodiversité pourra avancer d’une part en mettant en place un cadre législatif (collaboration avec les entreprises ?), en établissant des schémas de financement innovants et en continuant à informer les entreprises des risques réels encourus (souvent sous-estimés) si elles ne prennent pas en compte la biodiversité.
Le Dr Peter Brotherton du Natural England a exhorté les entreprises présentes ce jour-là à prendre les devants, à arrêter de se poser des questions de marchés et surtout à ne pas attendre la législation ou les catastrophes naturelles pour agir.
Global Business of Biodiversity Symposium
28th November 2011, IET, Savoy Place, London

Mieux vaut apporter des bonbons, parce que les fleurs… sont bien plus que périssables !

Et oui, si à l’époque le commerce des fleurs coupées ressemblait à celui d’aujourd’hui, Jacques Brel aurait peut-être insisté beaucoup plus dans sa chanson !
Un bouquet de fleurs par sa fraîcheur et sa beauté ravit celle ou celui qui le reçoit. Les occasions sont nombreuses tout au long de l’année: les anniversaires, les naissances, la Saint-Valentin, la fête des mères, Noël,..
Cependant, voué à se faner en quelques jours, ce bouquet offrira un plaisir bien éphémère en comparaison avec les conséquences environnementales, économiques et humaines qu’il comporte.
En effet, toutes ces jolies fleurs ornant les étales de nos fleuristes proviennent dans la très grande majorité des cas de pays lointains : Kenya, Mexique, Ethiopie, Zambie, Inde,...
Par exemple, 90% des roses, espèce que l’on trouve pourtant dans nos jardins, proviennent de l’autre bout du monde. Périssables et fragiles, les fleurs nécessitent un transport rapide et réfrigéré qui s’effectuera par avion et puis par camion.
Mais avant de s’envoler vers l’Europe qui importe à elle-seule plus de 80% de la production mondiale, elles auront été cultivées de manière intensive, nécessitant de grandes surfaces arables ainsi que des quantités très importantes d’eau, de produits phytosanitaires et d’engrais. La floriculture nécessite par ailleurs des conditions contrôlées (température, humidité, lumière) et protégées (aléas climatiques locaux), il faudra donc très souvent cultiver les fleurs sous serre. Et oui, n’oublions pas qu’elles doivent refléter pureté et perfection et arriver en parfait état chez le fleuriste, quel qu’en soit le prix.
Mais l’addition climatique et environnementale se sale à chaque étape de la production et de la commercialisation des fleurs. Les écosystèmes locaux payent un lourd tribu, comme en témoigne par exemple le tristement célèbre lac Naïvasha au Kenya, véritable réservoir de biodiversité désormais menacé par les effluents provenant de la floriculture.
Selon Terra Economica, « la dépense énergétique engendrée par l’achat d’un bouquet de 25 roses équivaut à une balade en voiture de 20 kilomètres ». Quant aux fleurs cultivées en Europe, leur production s’avère parfois encore plus impactante à cause des serres chauffées et éclairées 24h/24.
Les aspects humains ne sont pas plus folichons. Les fleurs sont produites dans des pays à très bas salaire et sans protection des travailleurs. Ces derniers travaillent dans des conditions souvent saturées en produits toxiques. Mal protégés lors de la manipulation des phytosanitaires en tout genre et très mal informés du danger que cette exposition représente, leur santé en est très souvent impactée : maladies congénitales, cancer, fausses-couche font légions dans les populations des régions à forte production horticole.
Mais qu’importe penseront les réfractaires ; une fois chez l’heureuse élue à qui les fleurs sont destinées, leur beauté immaculée nous fera oublier le reste. Sauf que, pleines de résidus chimiques (les normes de sécurité étant moins strictes pour les fleurs que pour les produits destinés à la consommation), de petites molécules toxiques viendront emplir nos narines lorsque nos réflexes face à une fleur nous pousseront à la respirer !
Faut-il donc renoncer à acheter des fleurs ? Les boycotter ne rendra pas forcément service aux pays producteurs. Les pays du Sud ont augmenté de 24 % leurs parts du marché mondial des fleurs coupées, ce qui leur offre des revenus capitaux pour leur développement économique. Ainsi, selon la FAO, l'horticulture est le secteur à plus forte croissance au Kenya, rapportant plus de 270 millions de dollars en 2000, dont 110 millions de dollars pour les fleurs coupées. Ce secteur rivalise désormais avec les secteurs traditionnels du Kenya fournisseurs de devises fortes: le thé, le café et le tourisme.
Mais se préoccuper de la provenance et du type de culture des fleurs peut petit à petit faire la différence. Si la demande est encore faible pour les fleurs labélisées AB ou équitable, elle se développe néanmoins. A nous d’y participer et l’offre suivra !!
On peut aussi offrir des fleurs locales (fleurs des champs, muguet, jacinthe des bois…) qu’on aura été cueillir soi-même ou à défaut, porter son choix sur une plante en pot qui, bien soignée, fleurira de nombreuses années !